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ni d’autre initiative, que partant d’elle. Catherine, aux heures d’affluence, et les deux garçons, constamment, la secondaient avec ferveur.

La face des choses changea brusquement.

Profitant du calme des affaires, elle procéda à un rafraîchissement général de la peinture des locaux. Une grande pièce à débarras, contiguë au restaurant, devint une belle salle à dégustation pour un monde d’élite. La cuisine dut prendre un aspect moins populacier. Les services furent améliorés. Dans la cour et communiquant avec le restaurant, six beaux kiosques s’alignèrent le long d’une muraille qui fut couverte de panneaux aux scènes allégoriques s’inspirant de Bacchus et conviant à la joie.

On n’avait jamais vu de pareilles transformations « chez Sima ». Les voisins, les flâneurs y assistèrent stupéfaits. Et jusqu’au centre de la ville la nouvelle courut que deux belles femmes, dont une, la maîtresse elle-même, avaient pris la direction de la « Taverne Sima Caramfil » et la remplissaient d’une jovialité encore inconnue.

La jovialité d’une tavernière dans la Roumanie d’autrefois était en rapport direct avec la bonne marche de la taverne et en rapport inverse des intérêts du mari. Mais, cela dépendait beaucoup de la beauté ou de la laideur d’une telle maîtresse car, dit la chanson populaire :

Le vin est bon, le litre est gros,
(Vinu-i bun, ocaua-i mare,)
La tavernière est affreusement laide :
(Crâsmarita-i sluta tare :)
Les gars ne boivent qu’à cheval.
(Beau flacaii de-a calare.)