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Tsatsa-Minnka[1]


BARBATT À SA MESURE


La vie humaine traverse les pires épreuves comme elle traverserait une campagne fleurie.

Dès les premiers jours ensoleillés du mois d’avril, les cerfs-volants firent leur apparition dans les mains d’une foule enfantine chétive, squelettique, loqueteuse, dont les cris avaient un son caverneux. Le vaste boulevard Carol était son théâtre préféré. Devant la plupart des portes, donnant sur la rue, les commères avides de bavardages surgirent en même temps que les nouveaux bourgeons sur les arbres. Les hommes, plus graves, sortirent en détendant leurs membres et se dirigèrent vers leur bistrot habituel où, en vue de la saison de travail qui allait s’ouvrir, ils demandaient courageusement « un verre à crédit ». Les rires, les plaisanteries éclataient de partout.

Il en fut de même « chez Sima ». Une à une, les fenêtres des taudis qui étaient restées hermétiquement fermées durant tout l’hiver, s’ouvrirent en craquant sous la résistance de la colle de pâte dont les jointures avaient été enduites. Il ne faisait pas bon d’avoir son nez là, au moment où ces fenêtres

  1. Voir Europe, nos  des 15 décembre 1930 et 15 janvier 1931.