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Le pêcheur d’éponges



Dans le voisinage de l’Acropole, il existait, vers 1907, une rue de la banlieue d’Athènes dont le nom m’échappe en ce moment. Cette rue peut très bien avoir gardé son nom d’antan, comme elle peut tout aussi bien l’avoir changé, comme tous deux peuvent avoir disparu, sans laisser de trace, car les rues et leurs noms sont à peine moins éphémères que les hommes, et cela n’a aucune importance.

Ce dont je me souviens et ce qui intéresse, c’est que, dans cette rue, il y avait alors un restaurant modeste, pourvu d’une petite terrasse, d’où la vue montait en flèche vers l’étonnant temple de marbre juché sur le sommet de l’Acropole. Et comme on le voit toujours pour ces choses médiocres, qu’on rencontre dans le voisinage d’une merveille, ce cabaret se nommait : Restaurant du Parthénon.

Attablé à la terrasse et dégustant un bon plat grec, le jeune voyageur Adrien se demandait avec juste raison : « Quelle gloire peut bien se faire une gargote, en empruntant le nom d’un monument unique ? Alors que, si elle se disait par exemple, Restaurant du bifteck exquis, le passant comprendrait qu’ici l’on mange bien ». Et comme il était bavard de naissance, Adrien fixa les yeux sur un voisin de table qui, lui aussi, semblait ne rien comprendre au lien qui rattache un bon plat et une merveille des temps écoulés. Mais ce voisin