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cinq litres ; Si votre langue s’y connaît, vous le sentirez au goût.

Cela dérouta un peu leur plan, mais ils étaient des bandits décidés. Un moment après, un d’eux sortit, « pour pisser », et l’oncle comprit que c’était le signal d’attaque : l’homme sortait pour faire la garde. Il blêmit et se prépara. Un instant, il eut l’idée de tirer son arme et de crier : « Haut les mains ! » Mais il se dit que peut-être les apparences étaient trompeuses.

Quelques minutes après, il regretta de ne pas l’avoir fait. Les hommes parlaient à haute voix d’une affaire imaginaire. Ils demandèrent des allumettes. L’oncle se dit : « Ça y est ! »

Le cœur et le pas fermes, une main tenant l’arme au fond de la poche de son manteau, il avança vers eux, et de sa main gauche il offrit la boîte. Le plus solide des trois tendit sa main avec lenteur pour la prendre, en parlant distraitement ; mais lorsqu’il fut près de la toucher, d’un bond, il attrapa le poignet, comme dans un étau ; et si, dans la même seconde il tomba foudroyé par le feu parti de la poche de sa victime, les autres ne laissèrent plus à l’oncle le temps de tirer son arme. À coups de matraques ils lui brisèrent le crâne ; et le pauvre homme s’affaissa sur le sol, pendant que les chiens arrachaient horriblement, mais en vain, les mollets des agresseurs. Ils furent abattus. L’argent qui se trouvait dans le comptoir fut enlevé à la hâte, et les brigands disparurent, abandonnant leur compagnon inanimé.

L’oncle Anghel conserva la vie, grâce au coup qui avait tué un des criminels, ainsi qu’aux deux chiens sacrifiés, qui avaient malmené si rudement les jambes à deux des autres bandits qu’ils craignirent de ne plus pouvoir prendre la fuite..

Des charretiers qui passèrent une heure après, relevèrent dans leur sang la victime et le bandit, le