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— Ici les femmes ne vont pas aux waters. Elles pissent dans le seau à glace, comme voici !

Elle enleva la bouteille de Champagne vide, et montra à son amie comment s’y prendre. Puis elle jeta le contenu par la fenêtre dans le jardin.

Polixéni fit semblant de se résigner, mais, bien plus tard, lorsqu’on n’y pensait plus, elle se sauva dehors. Et ce fut le scandale. On l’entendit crier furieusement devant la porte d’une pièce voisine :

— Eh bien ! C’est là ta séance de comité ? Topolog, confus mais joyeux, était sorti s’expliquer :

— Ce n’est pas ma faute ! On m’a amené. Que veux-tu, ma mignonne, c’est le Congrès ! Mais, dis donc : comment l’as-tu appris ?

— Ça, c’est mon affaire ! Donne-moi vite l’argent que tu as sur toi, tout l’argent, et tu peux rester. Ah ! voilà où vont les économies que je m’évertue à faire à la maison : Flora, hé ? Tu en as un nez, pour Flora ! Autant que ce cher Cristin, que voilà !

Les garçons, discrètement, s’en tordaient les côtes.

Elle le fouilla, lui prit l’argent, puis, le poussant à reculons jusqu’au milieu de ses camarades qui riaient aux larmes, elle lui dit :

— Demain matin je retourne à Galatz !

Et elle sortit en faisant claquer la porte.

Le lendemain matin, les quatre amis, prenant le café rue des Saules, se roulaient sur le tapis, fous de joie.

— Non, mais ! s’exclamait Polixéni. Voyez-vous ça ? Des socialistes à Flora ! Et ce Cristin, qui fait la morale à tout le monde !

Elle n’en revenait pas.

Mikhaïl trouvait cela bien naturel :

— Pourquoi t’étonner ? les socialistes ne sont-ils pas des hommes comme tous les autres ? Il y a un mot français qui dit : « Nul ne peut péter plus haut que son cul ! »


VII


Ce mois d’août, Bucarest fut une étuve. Dès huit heures du matin et jusqu’au crépuscule, la coupole céleste était un