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— Eh bien ! que dis-tu de ces messieurs les ministres ?

— Je dis, répondit l’enfant, qu’il faudrait les renvoyer tous dans la « daraverra » de leur mère !

On imagine le scandale. Le roi ordonna une enquête. Où le petit prince avait-il pu entendre prononcer pareille horreur ?

On sut qu’il était le très bon ami d’un caporal de la garde royale, un brave paysan.

Le roi Charles II est donc bien roumain.


III


— Mon cher camarade Adrien Zograffî, dit Cristin à la fin du repas, je te convoque à la séance du Comité Exécutif du Parti qui aura lieu samedi prochain.

Ils étaient tous, sauf M. Léonard, dans une gargote sise en face du « Bureau », ils venaient de manger chacun une ou deux portions de ratatouilles à trente centimes la portion, et maintenant certains d’entre eux fumaient et prenaient du café.

— Tu le convoques ! riposta Craïoveanu. Tu parles au nom de tout le Comité ! Qui t’a autorisé à émettre cette convocation ? Pas moi. D’abord, Adrien n’est pas du Parti et il peut se moquer de ta convocation.

— Justement, il n’est pas du Parti, mais la classe ouvrière qui lit ses articles suppose qu’il en est. Par conséquent, de deux choses l’une : ou il s’y inscrit et se soumet aux directives du Comité, ou bien nous déclarerons qu’il est un isolé, une espèce d’anarchiste.

Vous déclarerez ! Vous ne déclarerez rien du tout et vous laisserez ce garçon tranquille. En tout cas, tel est mon avis et je le ferai connaître au Comité.

Cristin se cabra. La moutarde lui monta au nez :

— Tu penses donc, nénéa Toma, qu’il est raisonnable de permettre à tous les aventuriers de gagner la confiance des masses, en se faisant passer pour socialistes ?

— Il me semble qu’il n’a écrit nulle part qu’il parlait au