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comme des chauves-souris. Comme nous ignorons nos compagnons de révolte dans le fond des campagnes et les hôtels meublés de Billancourt, nous ne pensons qu’à fuir. Eux restent là, plus durement esclaves, parce que leur servitude est aussi celle du corps, la fatigue des reins, le manque de viande et d’air. Ils savent, ils annoncent leur guerre. Mais nous du fond de notre bourgeoisie comment deviner que les fondements de notre peur et de notre esclavage sont dans les usines, les banques, les casernes, les commissariats de police, tout ce qui est pays étranger.

Chacun veut assurer son évasion par ses propres moyens.

III

IL y avait des quantités d’échappatoires : que de portes pour n’aller nulle part !

Les uns allaient demander à Dieu et à ses prêtres de les recevoir et de leur expliquer ce qui n’allait pas. Ils s’occupaient à apprendre Notre Père aux enfants dans les patronages. Ils étaient vite au chaud, prenant l’humiliation pour la prière, la ruine de l’homme pour sa sainteté. Cela permettait aux plus intelligents de se livrer à une certaine sorte de poésie : Dieu continuait son vieux métier en se laissant accommoder à toutes les recettes. Naissance de bons dieux, apparitions de saints gagnés à des poètes qui auraient bien voulu qu’on les prît pour des Jongleurs de Notre-Dame. Immense pureté, refuges, indulgences. Des poètes ouvraient des bureaux de conversion. Rimbaud était tiré malgré ses derniers défenseurs du côté de la sacristie de Saint-Sulpice ; les curés pour être salués par la jeunesse expliquaient que la prière et la