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Philippe Laforgue à Pauline D…
Strasbourg, le 2 avril 1929.
Chère Pauline,

J’ai un léger service à vous demander que vous devez pouvoir me rendre par la vertu de vos mauvaises fréquentations. Un de mes amis, qui est soldat au 21e colonial à la Caserne de Clignancourt, souhaite venir sur la rive gauche, et expressément au 23e colonial à la caserne de Lourcine. Il a des raisons parfaitement sérieuses qui ne vous regardent pas plus que moi. Comme vous êtes dans les généraux jusqu’au cou, vous pourriez peut-être demander à l’un de ces feuillus comment l’on doit s’y prendre. J’ajoute que mon ami ambitionne singulièrement d’être détaché à un emploi qui se trouvera bientôt vacant et dont il dit que c’est un filon, celui de secrétaire à la 2e zone de la Place-de-Paris, qui est précisément logée à la caserne de Lourcine, ou de Port-Royal. Il s’appelle André Simon, soldat au 21e régiment d’infanterie coloniale, Compagnie hors rang, Caserne de Clignancourt (18e).

P.-S. — Après la rentrée de Pâques, chère Pauline, si l’idée vous vient de revenir rue d’Ulm, j’aimerais que ce soit après neuf heures du soir. Il n’y a point de doute, étant données les coutumes de la maison, que le portier, qui a vu entrer jusqu’à des négresses, ne vous laisse passer.


Pauline D… à Philippe Laforgue
Paris, le 5 avril 1929.
Philippe dear,

Un service de moi à vous ! C’est trop amusant pour que je me dérobe. Vous pensez bien que vos façons ne me trompent guère, et j’ai trop de goût pour nos petites séances coupables de la rue d’Ulm pour vous tenir rigueur de vos mauvaises manières. J’ai naturellement trouvé le général qu’il fallait, c’était un vieil ami de mon oncle et un coup de téléphone a suffi. Votre ami sera nommé au poste qu’il ambition-