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Et ceux qu’il n’a pas ensevelis, où les as-tu laissés ?


LE MESSAGER.

Près d’ici ; car ce qu’on fait avec zèle est toujours près.


ADRASTE.

Est-ce que des serviteurs les ont enlevés des lieux souillés par le meurtre ?


LE MESSAGER.

Aucun esclave n’a pris part à ce travail. On eût dit, à voir Thésée, qu’il avait chéri ces morts.


ADRASTE.

Est-ce qu’il a lui-même lavé leurs blessures ?


LE MESSAGER.

Il a de plus préparé le lit funèbre, et recouvert les corps.


ADRASTE.

C’était un ministère à la fois pénible et humiliant.


LE MESSAGER.

Qu’y a-t-il d’humiliant pour l’homme dans les maux communs à l’humanité ?


ADRASTE.

Ah ! que ne suis-je mort avec eux !


LE MESSAGER.

Ces regrets inutiles ne font qu’arracher des larmes à ces infortunées.


ADRASTE.

Hélas ! ce sont elles-mêmes qui m’enseignent les regrets. Mais allons, marchons à la rencontre des morts, en élevant les mains ; entonnons les chants funèbres accompagnés de cris lamentables, en appelant nos amis, dont la perte nous laisse dans une triste solitude : car la seule perte irréparable pour les mortels, c’est celle