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de ton illustre maison par une alliance impure. Le sage ne doit pas mêler un sang criminel au sang innocent, mais acquérir des amis dont la prospérité soit l'appui de sa maison ; car Dieu, confondant ensemble les destinées de ceux qui sont unis, fait retomber les malheurs du coupable sur l’innocent, qui n’a point fait de mal. Et cependant lorsque tu as emmené l’armée des Argiens dans ton expédition, quand les devins ont parlé, tu as dédaigné leurs oracles, tu as passé outre, malgré la défense des dieux ; et tu as ruiné ta patrie, pour complaire à des jeunes gens avides d’honneurs, qui poussent à la guerre contre toute justice, et corrompent les citoyens, l’un pour devenir général, l’autre pour s’emparer du pouvoir et l’exercer avec insolence, celui-ci pour satisfaire sa cupidité, sans songer au peuple et aux maux qui retombent sur lui. Car trois partis divisent les états : les riches, gens inutiles et toujours avides d’amasser ; les pauvres, à qui manque le nécessaire, gens violents, livrés pour la plupart à l’envie, qui lancent contre les riches mille traits injurieux, abusés par les calomnies de leurs chefs pervers. De ces trois partis, c’est la classe moyenne qui fait le salut des états, qui maintient le bon ordre et la constitution établie. Et tu veux que je combatte pour toi ? Quelle raison honorable pourrais-je alléguer à mes concitoyens ? Adieu, laisse-nous : si tu t’es engagé toi-même dans une mauvaise voie, il n’est pas juste de nous entraîner dans ta mauvaise fortune.


LE CHŒUR

Adraste a commis une faute ; mais le tort en est à des jeunes gens imprudents : pour lui, il faut lui pardonner.