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LE CHŒUR.

Ô malheureuse, le dieu qui te poursuit a l’ait de toi la plus misérable des mortelles. Mais je vois s’approcher Agamemnon, notre maître ; mes amis, faisons silence.

AGAMEMNON.

[726] Hécube, que tardes-tu à venir enfermer ta fille dans la tombe ? Talthybius m’a demandé de ta part qu’aucun des Grecs ne portât la main sur son corps. Nous avons accédé à ton désir, nul de nous n’y a touché. Tant de lenteur m’étonne ! Je viens te presser de t’y rendre ; car tout est bien préparé, si l’on peut dire qu’il y ait là quelque chose de bien. Mais quel est ce Troyen dont je vois le corps étendu près de la tente ? car les vêtements qui le couvrent m’annoncent assez qu’il n’est pas Grec.

HÉCUBE, à part.

[736] Malheureuse Hécube ! car c’est sur moi-même que je pleure en te pleurant ; que faire ? Tomberai-je aux pieds d’Agamemnon, ou supporterai-je mes maux en silence ?

AGAMEMNON.

Pourquoi verses-tu des pleurs, en détournant le visage, et sans me dire ce qui s’est passé ? Quel est ce cadavre ?

HÉCUBE, à part.

Mais si, me traitant en esclave et en ennemie, il me repousse loin de lui, je n’aurai fait qu’ajouter à ma douleur.

AGAMEMNON.

Je ne suis pas devin, pour pénétrer le secret de tes pensées, quand tu gardes le silence.

HÉCUBE, à part.

Mais pourquoi lui supposer des dispositions malveillantes, s’il n’a lui-même rien de malveillant ?

AGAMEMNON.