dans le tombeau pour racheter tes jours. Si tu échappes à la mort, souviens-toi de ta mère et de ses souffrances ; et en recevant les baisers de ton père, dis-lui, en versant des larmes et en l’entourant de tes bras, dis-lui ce que j’ai fait pour toi. Oui, nos enfants sont notre vie : celui qui me blâme, parce qu’il ne fut jamais père, a sans doute moins de souffrances ; mais son bonheur n’est qu’un malheur.
Ses paroles m’ont émue ; les malheurs de tous les mortels, fussent-ils même étrangers, sont dignes de pitié. Tu aurais dû, Ménélas, réconcilier cette infortunée avec ta fille, et mettre fin à ses douleurs.
Esclaves, saisissez cette femme, et chargez-la de chaînes : ce qu’elle va entendre n’est pas fait pour lui plaire. Pour te faire quitter l’autel sacré de la déesse, je t’ai menacée de la mort de ton fils, je t’ai menée ainsi à te livrer entre mes mains pour mourir. Pour ce qui te regarde, sache que l’arrêt est irrévocable ; pour ce qui regarde ton fils, ma fille décidera si elle veut ou non le faire périr. Allons, rentre, et apprends, vile esclave, à ne pas outrager les personnes libres.
Ô ciel ! tu m’as trompée, tu t’es joué de ma crédulité !
Proclame-le à tout le monde ; je ne m’en défends pas.
Voilà donc la sagesse qu’on estime sur les bords de l’Eurotas[1] !
- ↑ Fleuve de Laconie.