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La joie ! elle peut exister pour d’autres : il n’en est plus pour ta mère.

POLYXÈNE.

Adieu, Polydore, mon frère, qui habites parmi les Thraces belliqueux !

HÉCUBE.

Si toutefois il vit ; mais j’en doute, tant le malheur me poursuit !

POLYXÈNE.

Il vit, et il fermera tes yeux mourants.

HÉCUBE.

Même avant la mort, le malheur m’a tuée.

POLYXÈNE.

[432] Emmène-moi, Ulysse, et couvre ma tête d’un voile ; car je sens mon cœur brisé par les cris d’une mère, et mes gémissements brisent le sien. Ô lumière ! je puis t’invoquer encore ; mais pour te voir je n’ai plus que le court instant où je m’avance entre le glaive et le tombeau d’Achille.

HÉCUBE.

Hélas ! je me sens défaillir ! la vie m’abandonne ! — O ma fille ! touche encore une fois ta mère ; tends-moi cette main, donne ; ne me laisse pas sans enfants. Je succombe, ô mes amies ! — Oh ! que ne puis-je rencontrer la sœur des Dioscures, cette perfide Hélène, dont la beauté fatale a ruiné la fortune de Troie !

LE CHŒUR.

Vent de la mer, qui portes à travers les flots les vaisseaux rapides fendant les ondes, où conduiras-tu mon infortune ? quel maître me recevra dans sa maison