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Que ne suis-je sous les cavernes profondes, portée sur des ailes, et mêlée par un dieu aux troupes errantes des oiseaux ! Je m’élèverais au-dessus des flots de la mer Adriatique et des eaux de l’Éridan, où les trois sœurs infortunées de Phaéton, pleurant son imprudence, versent des larmes d’ambre transparent, dans les ondes pourprées de leur père !

J’irais aux bords fertiles des Hespérides aux chants mélodieux, où le dieu des mers ne livre plus passage aux nautoniers, et fait respecter l’infranchissable barrière du ciel, que soutient Atlas ; là où des sources d’ambroisie coulent dans le palais de Jupiter, et où la terre, féconde en délices, dispense la félicité aux gens de bien.

Ô navire crétois aux blanches ailes, qui à travers les flots de la mer retentissante transportas ma souveraine, d’une maison fortunée vers les délices d’un hymen malheureux ; sans doute de l’un et de l’autre rivage, ou du moins de la terre de Crète, un sinistre augure vola vers l’illustre Athènes ; mais ils attachèrent les câbles sur le rivage de Munychium, et descendirent sur la terre continentale.

Pour accomplir ces tristes présages, Vénus blessa son cœur par la funeste atteinte d’un amour criminel : accablée sous ce coup terrible, elle va suspendre aux lambris de la chambre nuptiale un fatal lacet, destiné à finir ses jours ; témoignant ainsi son respect pour une déesse implacable, sa sollicitude pour une honnête renommée, et délivrant son cœur d’un amour dont elle a tant souffert.

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