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médecins. Bien. Pourquoi ce silence ? Il ne faut pas te taire, ma fille, mais me reprendre si je me trompe, ou suivre mes avis s’ils sont bons. Dis un mot, tourne un regard vers moi. Oh que je suis malheureuse ! Femmes, vous le voyez, toutes mes peines sont vaines ; je n’ai avancé en rien : tout à l’heure mes paroles n’ont pu la toucher, et maintenant elles ne peuvent la fléchir. Mais sache-le bien, dusses-tu te montrer plus farouche que la mer, si tu meurs, tu trahis tes enfants, ils n’auront point part aux biens de leur père : j’en atteste cette fière Amazone qui a donné un maître à tes fils, un bâtard dont les sentiments sont plus hauts que la naissance. Tu le connais bien, Hippolyte.

Phèdre.

Ah dieux !

La Nourrice.

Ce reproche te touche ?

Phèdre.

Tu me fais mourir, nourrice ; au nom des dieux, à l’avenir garde le silence sur cet homme.

La Nourrice.

Vois donc ! ta haine est juste, et cependant tu refuses de sauver tes fils et de prendre soin de tes jours.

Phèdre.

Je chéris mes enfants ; mais ce sont d’autres orages qui m’agitent.

La Nourrice.

Ma fille, tes mains sont pures de sang.

Phèdre.

Mes mains sont pures, mais mon cœur est souillé.

La Nourrice.