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souffrances des mortels ! cruelles maladies ! (À Phèdre.) Que dois-je faire ou ne pas faire pour toi ? Voici cette lumière brillante, voici ce grand air que tu demandais : ta couche de douleur est maintenant hors du palais, puisque venir en ces lieux était ton vœu continuel. Mais bientôt tu auras hâte de retourner dans ton appartement, car tu changes sans cesse, et rien ne peut te réjouir. Ce que tu as te déplaît, et ce que tu n’as pas te paraît préférable. La maladie vaut mieux que l’art de guérir : la première est une chose toute simple, mais l’autre réunit l’inquiétude de l’esprit et la fatigue des mains. Toute la vie des hommes est remplie de douleurs ; il n’est point de relâche à leurs souffrances. Mais s’il est un autre bien plus précieux que la vie, un obscur nuage le couvre et le dérobe à nos regards. Nous nous montrons éperdument épris de cette lumière qui brille sur la terre, par inexpérience d’une autre vie et par ignorance de ce qui se passe aux enfers, et nous nous laissons abuser par de vaines fables.

Phèdre.

198Soulevez mon corps, redressez ma tête languissante. Chères amies, mes membres affaiblis sont prêts à se dissoudre. Esclaves fidèles, soutenez mes mains défaillantes. Que ce vain ornement pèse à ma tête ! Détache-le ; laisse flotter mes cheveux sur mes épaules.

La Nourrice.

Prends courage, ma fille, et n’agite pas péniblement ton corps. Tu supporteras plus facilement ton mal, avec