Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

 ces guerriers, qui te chérissent, ne lui refuseront pas cette offrande : le destin a marqué ce jour pour la mort de ma sœur. [45] Ma mère verra aujourd’hui les cadavres de deux de ses enfants, moi, et cette infortunée jeune fille. Pour obtenir la sépulture, j’apparaîtrai, poussé par les vagues de la mer, jusqu’aux pieds d’une esclave ; car j’ai imploré des puissances infernales la faveur d’avoir enfin un tombeau et d’être rendu aux mains de ma mère : j’aurai obtenu alors tout ce que je désirais, et je cesserai d’importuner la vieillesse d’Hécube. — Mais la voici qui s’avance hors de la tente d’Agamemnon, épouvantée par mon apparition. — O ma mère, toi qui du palais des rois es tombée dans la servitude, te voilà aussi malheureuse que tu fus heureuse autrefois ! Un dieu, auteur de ta perte, égale ton infortune à tes prospérités passées.

HÉCUBE

[59] Jeunes Troyennes, guidez les pas de votre vieille maîtresse hors de la tente ; soutenez votre compagne d’esclavage, autrefois votre reine ; prenez-moi, portez-moi, aidez-moi ; soulevez ce corps affaibli par les années ; et moi, appuyée sur vos bras (05), je hâterai mes pas tardifs.— Ô foudres de Jupiter ! ô nuit ténébreuse ! pourquoi troubler mon sommeil par ces terreurs, par ces fantômes ? Ô terre vénérable, mère des songes aux noires ailes ! loin de mol ces visions nocturnes, qui m’alarment sur le sort de mon fils réfugié en Thrace, et sur Polyxène, ma fille chérie ! effrayante apparition que j’ai vue en songe ! oui, oui, je comprends. Dieux infernaux ! sauvez