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Aussi longtemps que l’empire phrygien resta debout, et que les remparts de Troie demeurèrent intacts ; aussi longtemps qu’Hector, mon frère, eut l’avantage dans les combats, élevé par les soins de l’hôte de mon père, je croissais dans son palais, ainsi qu’un tendre rejeton. Mais dès que Troie eut succombé, ainsi qu’Hector ; quand le palais de mon père eut été ravagé, et qu’il fut tombé lui-même au pied des autels, égorgé par le sanguinaire fils d’Achille (02) ; poussé par la passion de l’or, l’hôte de mon père me massacra sans pitié, et jeta mon cadavre dans les flots, pour s’emparer de mes trésors. [28] Triste jouet des vagues agitées, je demeure étendu sur le rivage, privé de sépulture, privé des larmes des miens (03). Maintenant, pour voir Hécube, ma mère chérie, j’ai abandonné mon corps, et j’habite les régions supérieures, depuis trois jours que l’infortunée est arrivée de Troie sur la terre de la Chersonèse (04). [35] Tous les Grecs demeurent immobiles, depuis qu’ils ont abordé sur ce rivage de la Thrace. Le fils de Pélée leur est apparu sur son tombeau, et retient toute l’armée qui déjà dirigeait ses navires vers leur patrie. Il demande, pour prix de ses travaux, que ma sœur Polyxène soit immolée sur sa tombe, comme la victime la plus précieuse à ses yeux, et il l’obtiendra ;