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dent du char et tendent la main à Clytemnestre.) Les temples des Dieux sont ornés des dépouilles phrygiennes et moi, j’ai celles-ci, choisies au sol troyen, en échange de la fille que j’ai perdue ! faible prix, parure pourtant de mes demeures.

ÉLECTRE, s’avançant près du char, et tendant la main vers Clytemnestre.

Et moi donc, car, esclave chassée des demeures paternelles, j’habite de pauvres demeures, mère, ne prendrai-je pas ta bienheureuse main ?

CLYTEMNESTRE.

Les esclaves sont là ; ne prends pas de peine pour moi.

Elle descend du char.
ÉLECTRE.

Pourquoi ? Captive, tu m’as chassée de la maison : comme elles, mes demeures prises, je fus prise, moi qui étais restée orpheline de mon père !

CLYTEMNESTRE.

Ton père avait forgé de tels desseins contre ceux qui devaient lui être le plus chers… Je parlerai, et cependant, quand la mauvaise renommée s’est emparée d’une femme, sa parole est reçue avec quelque amertume, et, selon moi, à tort ; qu’on recherche les faits, et s’ils valent la haine, la haine devient juste ; sinon, que sert la haine ? Tyndare me donna à ton père : ce n’était pas pour que fussent tués ceux que je lui enfanterais ! Or, ayant trompé ma fille par la promesse d’un mariage avec Achille, il quitta ses demeures et la mena à Aulis, où étaient arrêtés les vaisseaux ; et là, l’ayant étendue sur un bûcher, ton père déchira le cou blanc d’Iphigénie !