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s’il pense qu’elle, qui n’a pas eu de retenue auprès de son mari, en aura auprès de lui. Tu vivais dans ta maison parmi les misères, toi qui ne croyais pas vivre malheureux. Car tu savais le sacrilège de tes noces, et ma mère l’impiété de son époux. Vous étiez tous les deux pervers, et vous avez recueilli la fortune, elle de tes crimes, et toi des siens. Et tu entendais dire par tous les Argiens : « Le mari de la femme, » et non : « La femme du mari. » Or, il est honteux que la femme soit à la tête de la maison, et non le mari ; et je m’indigne encore de ceci, qu’un homme fasse que ses enfants, dans la ville, ne soient pas désignés d’après le nom du père, mais d’après le nom de la mère. Qu’un homme épouse une femme illustre, d’un rang plus élevé que le sien, il ne comptera plus, seule comptera la femme. Mais ta plus grande erreur, que tu n’as pas connue, était, puissant par la richesse, de te vanter d’être quelqu’un. Or, la richesse est passagère ; le naturel demeure et non pas la richesse ; le naturel, toujours ferme, vainc le malheur, mais la richesse qui est entrée dans la maison par l’injustice et qui y habite avec des hommes pervers s’envole après avoir fleuri un temps bien court. Pour ta conduite envers les femmes, il ne sied pas à une vierge d’en parler, je me tais ; je ferai seulement qu’on la comprenne. Tu étais insolent, parce que tu étais fort de ta beauté ! Puissé-je avoir un époux, non au visage de femme, mais d’un aspect bien viril ; car de tels hommes sont attachés à Arès, et ceux qui sont trop charmants ne servent qu’à orner les danses. Tombe ! Tu as été convaincu par le temps d’une entière ignorance ; tu as subi ton châtiment. Donc que nul scélérat, même s’il a bien couru la première partie de la course, ne