Que veux-tu dire ? Parle et tu n’as rien à craindre.
Outrager les morts… si la haine allait m’atteindre.
Il n’est personne, ici, qui blâme tes paroles.
Notre ville est morose et se plaît à blâmer.
Parle, si tu le veux, ma sœur ; car notre haine contre lui est soumise à des lois implacables.
Bien. (Au cadavre.) Par quelles injures commencerai-je ? par quelles finirai-je ? et quel sera le milieu de mon discours ? Jamais je n’ai cessé de murmurer, dès l’aube, tout ce que je voulais te dire, face à face, si, enfin j’étais délivrée des vieilles craintes : je le suis maintenant ; tu les recevras donc ces injures que je voulais te dire, à toi vivant. Tu m’as perdue et m’a faite orpheline d’un père bien-aimé, et tu as fait celui-ci orphelin, et, envers toi, nous n’avions pas été injustes ! Et tu as épousé honteusement ma mère, et tué l’homme qui commandait aux Hellènes, toi qui n’étais pas même allé chez les Phrygiens. Et tu en vins à ce point de folie, d’espérer qu’une fois ta femme, ma mère ne serait pas mauvaise envers toi, toi qui l’avais faite mauvaise envers mon père ! Qu’il le sache, l’homme qui perd une femme par un adultère secret et qui est ensuite forcé de la prendre comme épouse, est à plaindre,