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renom des Thessaliens est légitime. » Lui, ayant pris en mains un couteau dorien bien forgé, rejette de ses épaules le noble manteau qu’attache une agrafe ; il choisit Pylade pour l’aider dans son travail, et éloigne les serviteurs. Alors, il prend le pied du taureau, et tendant la main, il dénude les chairs blanches : il avait écorché la bête en moins de temps que n’en met le coureur à faire les deux diaules hippiques, et il découvrit les entrailles. Or, Égisthe, ayant pris les parties sacrées, les observait. Et un des lobes du foie manquait aux viscères ; les portes et la vésicule biliaire, toute pleine, annonçaient qu’un malheur venait vers celui qui les consultait. Il était sombre ; et mon maître l’interrogea : « Pourquoi es-tu inquiet ? » — « Ô étranger, je crains que quelque ruse ne vienne du dehors ; il vit, le plus haï des hommes, le fils d’Agamemnon, l’ennemi de ma maison ». Oreste dit : « Tu crains la ruse d’un exilé, toi qui règnes dans la ville ? Pour que nous mangions les entrailles, ne m’apportera-t-on pas le couteau de Phthie, en place du couteau dorien ; je veux briser la tortue ! » Il prend le couteau, et frappe. Égisthe avait pris les entrailles et les observait en les divisant. Et, tandis qu’il baisse la tête, ton frère, se dressant sur la pointe des pieds, le frappe aux vertèbres et lui brise les jointures du dos. Et tout son corps, palpitant, se tordait par le meurtre dans les convulsions affreuses de la mort. Les esclaves, à cette vue, se précipitèrent vers les lances, et ils étaient nombreux contre deux hommes : mais, avec courage, Pylade et Oreste tinrent ferme, faisant vibrer des javelines la pointe en avant ; et Oreste dit : « Je ne viens pas en ennemi de cette ville, ni de mes serviteurs, mais je me suis vengé du meurtre de mon