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ÉLECTRE.

Il les a envoyés pour épier mes maux.

LE PAYSAN.

Ils voient les uns ; peut-être leur as-tu dit les autres ?

ÉLECTRE.

Ils les connaissent, ils n’ont plus rien à apprendre.

LE PAYSAN.

Il fallait donc tout de suite leur ouvrir notre porte. (Aux étrangers.) Entrez dans la maison. Pour ces bonnes nouvelles, vous recevrez les dons de l’hospitalité, ceux du moins qu’on pourra trouver dans la demeure. Portez, serviteurs, les bagages dans la maison. Et ne m’objectez rien, vous qui venez en amis, de la part d’un ami : quoique je sois né pauvre, je ne montrerai pas un caractère vil.

ORESTE, à Électre.

Par les Dieux ! Est-ce l’homme qui, d’accord avec toi, élude le mariage auquel on t’a soumise, parce qu’il veut ne pas déshonorer Oreste ?

ÉLECTRE.

C’est lui qu’on appelle mon époux… Ô malheureuse !

ORESTE.

Ah !… Il n’y a point de sûr indice de la vertu, car les natures des hommes sont pleines de trouble. J’ai vu le fils d’un noble père ne rien valoir, et des méchants avoir des enfants vertueux ; j’ai vu la misère dans les sentiments d’un homme riche, et une pensée haute dans un corps misérable. Comment juger les hommes avec discernement ? Par la