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ceux qui t’envoient : mes mains, ma langue et mon âme, la malheureuse ! et ma tête rase, et son père ! Il serait honteux, quand son père a anéanti les Phrygiens, que lui ne pût pas, même seul, tuer un homme seul, lui qui est jeune, et dont le père était si brave !

PREMIÈRE PAYSANNE.

Je vois l’homme — c’est de ton époux que je parle — qui, le travail fini, regagne la demeure.

Rentre à gauche le paysan. Il fait grand jour.
LE PAYSAN.

Eh ! quels étrangers vois-je à ma porte ? Pourquoi sont-ils venus vers ces portes agrestes ? Ont-ils besoin de moi ? Pour une femme, il est mal de rester avec des jeunes hommes.

ÉLECTRE.

Ô très cher, ne conçois nul soupçon contre moi ; tu sauras les faits comme ils sont. Ces étrangers viennent ici pour m’apporter les paroles d’Oreste. (Se tournant vers Oreste.) Mais, étrangers, pardonnez-lui ce qu’il a dit.

LE PAYSAN.

Que disent-ils ? Vit-il et voit-il la lumière ?

ÉLECTRE.

Il vit, me disent-ils, et j’aime à les en croire.

LE PAYSAN.

Se souvient-il des maux de son père et des tiens ?

ÉLECTRE.

Il espère, mais l’exilé est sans pouvoir.

LE PAYSAN.

Et quelles sont les paroles d’Oreste qu’ils apportent ?