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que toutes les vierges doivent se réunir auprès d’Héra.

ÉLECTRE, secouant tristement la tête.

Ni par l’éclat de ma parure, ni par des colliers d’or, amie, je ne montrerai la joie de mon âme, ô malheureuse ! et dans les chœurs, parmi les jeunes Argiennes, je ne frapperai pas le sol de mon pied tournoyant. Je passe mes nuits dans les larmes, et les larmes sont mon souci, ô misérable, tous les jours. Vois ma chevelure souillée et vois mon peplos déchiré : cet état convient-il à la fille royale d’Agamemnon ? et à Troie qui se souvient de mon père, ayant jadis été prise par lui ?

DEUXIÈME PAYSANNE

Puissante est la déesse. Viens, je te prêterai des robes bien tissées, pour que tu les revêtes, et des bijoux d’or qui pourront donner plus d’éclat à tes grâces. Crois-tu, sans honorer les Dieux, vaincre en pleurant tes ennemis ? Non point par des pleurs, mais par des prières où tu vénéreras les Dieux, tu auras le bonheur, enfant !

ÉLECTRE

Aucun Dieu n’entend la douleur de l’infortunée ni la voix des anciens sacrifices de son père. Hélas, pour celui qui est mort, et pour celui qui, vagabond, habite quelque part une terre étrangère. Il va vers un foyer servile, triste enfant d’un glorieux père. Et moi, il faut que je demeure dans une maison de travail, et là, je me consume l’âme, exilée des demeures paternelles, parmi les roches montagneuses. Et ma mère, au lit tout sanglant du meurtre, couche, mariée à un autre époux.