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l’insu des tyrans, maîtres de cette terre. Je ne mets pas le pied à l’intérieur des murs ; c’est avec une double raison que je reste vers les frontières du pays : il faut que de nouveau je puisse m’évader sur une autre terre, si quelque espion me découvrait ; il faut aussi que je cherche ma sœur, car on dit qu’elle est mariée à quelque laboureur et n’est pas restée vierge. Je veux la rencontrer, j’en ferai l’auxiliaire du meurtre, et j’apprendrai clairement ce qui se passe dans les murs. (Le jour commence à paraître.) Maintenant — car Éôs lève son blanc visage — hors du chemin détournons notre trace. Quelque laboureur ou quelque servante se montrera, à qui nous demanderons si ma sœur habite ces lieux. Mais j’aperçois une servante qui sur sa tête rasée porte un vase plein d’eau puisée à la fontaine ; asseyons-nous et sachons de l’esclave si nous pouvons apprendre quoique ce soit, Pylade, sur ce qui nous a fait venir dans ce pays.

Oreste, Pylade et les esclaves se cachent. Rentre Électre, la cruche sur la tête.
ÉLECTRE, tout en marchant.

Il est temps de hâter ta marche. Oh ! avance, avance en pleurant tes pleurs. Ah ! moi, moi ! Je suis née fille d’Agamemnon et Clytemnestre m’enfanta, la fille odieuse de Tyndare. Et les citoyens m’appellent, moi, si malheureuse, Électre. (Elle pose la cruche et s’arrête.) Ah ! ah, mes durs travaux et mon horrible vie ! Ô père, tu gis maintenant dans l’Hadès, par les coups de ta femme et d’Égisthe, ô Agamemnon ! — Va, éveille la même plainte, reprends ta volupté pleine de larmes. (Elle reprend la cruche et fait quelques pas.) Il est temps de hâter ta marche. Oh ! avance, avance en pleurant tes pleurs. Ah ! moi,