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ver contre la fortune mauvaise un médecin, comme moi qui t’ai rencontré. Il me faut donc, et même sans que tu me l’ordonnes, t’alléger, en raison de ma force, ton travail, pour qu’il te soit plus facile à porter, et t’aider à souffrir tes fatigues. Les tâches des champs te suffisent ; dans la maison, c’est à nous de tout préparer, car à qui rentre du travail il est doux de trouver chez soi tout en bon ordre.

LE PAYSAN.

Puisqu’il te plaît ainsi, va donc ! Les fontaines ne sont pas loin de ces demeures. Pour moi, avec le jour, j’irai pousser les bœufs dans les labours et j’ensemencerai les terres, car un paresseux, quand même il aurait toujours les Dieux à la bouche, ne pourrait trouver sa vie sans travail.

Électre et le paysan sortent par la gauche. Le théâtre est vide un instant, puis entre par la droite Oreste. — Oreste regarde avec inquiétude autour de lui et, voyant qu’il est seul, il fait un signe vers la droite ; alors paraissent Pylade et quelques serviteurs qui portent des fardeaux divers.
ORESTE.

Pylade, toi que je tiens pour le premier des hommes par la fidélité, mon ami et mon hôte, — seul, parmi mes amis, tu m’estimais, moi, Oreste, malgré mon malheur, malgré les terribles souffrances que j’endurais d’Égisthe, qui tua mon père, lui et ma funeste mère ! — je suis donc venu, sur les oracles du Dieu, dans le pays argien, sans que personne le sache, pour rendre aux meurtriers de mon père le meurtre. Et, cette nuit, j’allai au tombeau de mon père, et je lui ai donné mes larmes, et je lui ai offert les prémices de ma chevelure, et j’ai, sur l’autel funéraire, versé le sang d’une brebis égorgée, à