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Hadès. Mais allons, ô enfants ! Suivez votre père dans la demeure. Il vous sera plus agréable d’y rentrer que d’en être sortis. Ayez bon courage, et ne versez plus des flots de larmes de vos yeux. Et toi, femme, recueille ton esprit, et cesse de trembler. Lâche mes vêtements ; je ne suis pas un oiseau, et ne veux point fuir ceux que j’aime. Ah ! ils ne me lâchent point, et ils se suspendent encore plus à mes vêtements ! Vous étiez donc à ce point sur le tranchant du rasoir ? Je vous mènerai de mes mains, je vous traînerai comme une nef entraîne de petites barques, car je ne refuse pas de prendre soin de mes enfants. Tous les hommes se ressemblent ; les premiers d’entre eux et ceux qui ne sont rien aiment leurs enfants. Tous diffèrent par les richesses, car les uns en possèdent et les autres n’en ont pas ; mais toute la race des hommes aime ses enfants.




LE CHŒUR.
Strophe I.

La jeunesse m’est douce, mais la vieillesse, fardeau toujours plus lourd que les roches de l’Aitna, est pesante à ma tête et couvre d’un brouillard la lumière de mes paupières ! Ni les royales richesses asiatiques, ni une demeure pleine d’or, ne seraient acceptées par moi en échange de la jeunesse qui est très belle dans la richesse, et très belle aussi dans la pauvreté. Mais je hais la vieillesse triste et mortelle. Puisse-t-elle périr sous les flots, et toujours s’envoler dans l’air comme un oiseau loin des Cités et des demeures des hommes !