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LE MESSAGER.

Hippolytos n’existe plus ! ou, du moins, il ne voit la lumière que pour très peu de temps encore.

THÈSEUS.

Qui l’a tué ? Est-ce quelque ennemi, dont il a violé la femme, comme celle de son père, qui a fait cela ?

LE MESSAGER.

Il a péri par son propre char et par les imprécations de ta bouche que tu as proférées contre ton fils, en le vouant à ton père, le Maître de la mer.

THÈSEUS.

Ô Dieux ! Ô Poseidôn ! combien tu es vraiment mon père, pour avoir entendu mes imprécations ! Dis de quelle façon il a péri, comment la justice a frappé de sa massue celui qui m’a couvert d’opprobre.

LE MESSAGER.

Auprès du rivage qui est lavé par les flots, nous peignions les crins des chevaux à l’aide des étrilles, et nous pleurions, car un messager était venu, disant que Hippolytos ne remettrait plus le pied sur cette terre, frappé par toi d’un exil lamentable. Et il vint lui-même au rivage, apportant aussi cette triste nouvelle, et une foule d’amis de son âge le suivait par derrière. Enfin, ne gémissant plus, il dit : — Pourquoi me lamenter sur ceci ? Il faut obéir aux paroles de mon père. Attelez, serviteurs, les chevaux au joug du char. En effet, cette Cité n’existe plus pour moi ! — Et chacun se hâtait ; et, plus promptement que la parole, nous amenions au maître les chevaux