ceci, de te taire sur ce qui me cause maintenant une amère douleur ? Tu n’as pu te taire, et je mourrai désormais déshonorée ! Mais il me faut user de nouvelles ruses. Celui-ci, en effet, ayant le cœur plein de colère, m’accusera de tes fautes devant son père ; il dira ces malheurs au vieillard Pittheus, et il remplira toute cette terre de paroles très honteuses pour moi. Puisses-tu périr, toi et quiconque s’empresse d’exciter ses amis à faire le mal malgré eux !
Maîtresse, tu as droit de me reprocher mes fautes. Ce qui te ronge, en effet, trouble ton jugement ; mais si tu veux écouter, j’ai de quoi te répondre. Je t’ai nourrie, et je te suis dévouée. En cherchant des remèdes à ton mal, j’ai trouvé ce que je ne cherchais pas. Si la chose m’avait réussi, je passerais pour très sage. On juge, en effet, de notre sagesse, d’après l’événement.
Est-il juste, et te suffit-il envers moi, après que tu m’as égorgée, d’avouer ta faute ?
Nous discourons outre mesure. Je n’ai pas été prudente ; mais, cependant, après tout ceci, ma fille, tu peux encore être sauvée.
Assez de paroles ! Tu m’as déjà mal conseillée et poussée au crime. Fuis d’ici ! et songe à toi. Je m’inquièterai seule de ce qui me regarde. Pour vous, ô filles bien nées