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chinois et la légation de France m’avaient imposé une sorte d’escorte de quatre hommes, sous le ordres d’un colonel. Eh bien, je n’ai jamais vu de colonel moins entiché de son grade et de son autorité. Nous remontions le Yang-Tsé-Kiang, et les courants étaient quelquefois si forts, que ni les voiles, ni les avirons n’y faisaient. L’équipage descendait alors à terre, et moitié dans l’eau, moitié dans la vase, tirait sur une amarre fixée au bateau. Il semblait que ce fût un plaisir pour ce brave homme de se joindre aux bateliers, de se mettre dans l’eau comme eux, de les aider ; il recevait comme eux les légers coups de baguette que le chef de la bande lançait par-ci par-là pour exciter ses gens, et son amour-propre n’avait pas du tout l’air d’en être offusqué. — Quant au peuple, l’état militaire lui paraît tellement triste et dépendant que les plus pauvres eux-mêmes ne le considèrent que comme la pire des ressources.

L’armée chinoise n’est donc bien évidemment qu’une armée de défense. On ne manquera même pas de remarquer que, déjà si faible numériquement et de plus déconsidérée dans l’opinion publique, il n’est pas étonnant que cette force de défense ait si souvent prouvé son insuffisance soit contre les Tartares, Mongoles ou Mandchoux, soit contre les troupes européennes, soit contre les rébellions de l’intérieur. C’est un ordre d’idées dans lequel je ne saurais entrer maintenant sans m'écarter de mon sujet. Je demanderai seulement, et c’est