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deux acolytes vont chercher ces offrandes : la femme les prend de leurs mains et les présente à son mari qui l’ayant à ses côtés, les élève au-dessus de sa tête et les dépose sur l’autel en témoignage de reconnaissance. Le père lit ensuite les noms des aïeux inscrits sur les tablettes ; et, les rappelant plus particulièrement au souvenir de la famille, il les fait en quelque sorte surgir du tombeau et parle en leur nom. Le grain et le vin qu’il leur a consacrés tout à l’heure, symbole des efforts accomplis, des progrès réalisés, il les rend de leur part aux assistants comme gage de leur indissoluble union. Enfin, l’officiant exhorte la famille à méditer sur le sens de cette véritable communion, sur les engagements qu’elle implique et que tous jurent de remplir ; et après une dernière prière, on sert un repas où figurent les offrandes consacrées. Tel est le culte proprement dit et absolument exact de la famille. Mais ce n’est que la première partie de la solennité.

Dans la deuxième, le père, assis entre sa femme et les deux plus âgés de la famille, devant la table carrée où sont les livres dont j’ai indiqué la présence, ouvre d’abord celui du milieu. C’est le livre de la Famille. Il est composé de plusieurs cahiers et renferme dans les uns toutes les inscriptions relatives aux actes de la vie civile : naissances, mariages, décès: dans les autres les jugements prononcés en famille, l’éloge des morts, leurs biographies, les testaments, etc. On peut vraiment dire que c’est le livre sacré, la Bible de la Famille. Il n’est