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qualités essentielles aux fonctions et aux devoirs que l’une et l’autre pourront lui imposer.

Mais j’ai hâte de montrer, à présent que j’en ai fait connaître tous les éléments, comment s’accomplissent les fonctions de la famille ; le meilleur moyen est d’introduire de suite le lecteur dans la salle où elle se réunit, au moment même où elle s’y trouve assemblée. Un mot encore cependant sur certaines particularités des croyances qui, sans faire essentiellement partie de la religion de la famille, en sont devenues les auxiliaires.

On vient de voir que les Chinois ne croient pas que la mort interrompe toute relation ; ils n’admettent pas non plus que la séparation soit brusque, immédiate. Pendant plusieurs jours, elle n’est qu’apparente ; lors même que le corps est devenu froid, l’âme n’est pas loin. Elle pourrait y rentrer, ou bien elle erre au-dessus de ce qui fut son enveloppe qu’elle n’abandonne qu’à regret. Les enterrements se font donc très tard, rarement avant trois mois. Dans les premiers jours, toute la famille réunie supplie l’âme de revenir. On l’évoque par les appels les plus touchants. On va jusqu’aux reproches. On lui montre la place qu’elle a laissée vide. Et, en effet, la place du mort est toujours réservée partout, pendant trois mois au moins, et une fois chaque quinzaine pendant toute l’année. Enfin le corps est conduit à la sépulture de la famille, ou bien, quand le champ patrimonial n’existe pas encore, dans un cimetière commun où il ne reste que jusqu’au moment où ce champ aura pu