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de religion. Il y a douze cents ans au moins que ceux qui les chantent, ceux qui les récitent, jouissent d’une quiétude que nous n’aurons pas d’ici bien longtemps. Et sur ce fond uni, que ne troublent ni les regrets du temps et des peines perdues, ni les souvenirs irritants, ni les espérances de vengeances et de représailles, se sont édifiées les mœurs publiques les plus propres à assurer à tous et à chacun une somme de bien-être dont je crains que l’Europe ne soit encore bien éloignée. — Je reviens à mon sujet.

On peut dire qu’il n’existe en Chine presque aucune famille qui ne possède son champ patrimonial. — Il est inviolable. — L’individu par qui l’étranger, je veux dire l’intrus, y pénètre, est sacrilège. Le membre de la famille dont l’insoumission a causé l’intervention de l’État, est maudit, excommunié ; son nom est rayé du livre de famille. — Le gouverneur, le général, qui a laissé tomber aux mains de l’ennemi un des foyers dont le salut lui était confié, se suicide. — Tel est le sol sur lequel reposent le foyer, la famille et la cité. Il me reste maintenant à parler de la famille elle-même.


IV


Après avoir établi par la solidarité éternelle des générations l’éternité de l’âme, les Chinois considéreraient comme contradictoire que sa séparation d’avec le corps