Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pagne le caractère charmant des paysages de la Loire ; ou bien, dans les districts accidentés, l’aspect de nos vergers situés en montagnes. On voit bien encore, aux environs des pagodes et sur quelques sommets, de rares débris de forêts ; mais ce qu’il y a surtout, ce qu’il y a partout, ce sont des fleurs, des fleurs de toute espèce. Les azalées pourpres, les rhododendrons, les gardénias odorants, les glycines tapissent les déclivités trop raides. Les roses, les chrysanthèmes et une foule d’autres plantes, que nous ne connaissons que parce qu’elles nous viennent de la Chine, fleurissent et parfument en toutes saisons les abords des cottages.

Nulle part non plus, l’homme ne s’est aussi profondément pénétré du sens intime des choses qui l’entourent. Dans les chants que, le soir, aux heures de répit, j’entendais en traversant les hameaux, je cherche en vain les notes toujours tristes, résignées, parfois désespérées, des chants dé nos travailleurs, ceux du Nord surtout. Rien ne rappelle d’un autre côté, dans les légendes des Chinois, les terreurs des forêts insondées, des sommets farouches et glacés. Tout cela est relégué derrière la Grande Muraille, en Mongolie, plus loin encore, vers le pôle, en Sibérie. L’air le plus populaire de la Chine, le Sin-fâ, est un air doux, enjoué, tout rempli de paix et de sécurité. Il n’y a pas dans le Sin-fâ, ni dans aucun autre air, ni dans aucune légende, trace de lutte contre des éléments implacables. Nulle trace, non plus, des souffrances de notre servage, des angoisses et des tortures de nos guerres