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tère de collectivité générale que lui donne le système d’impôt. Soit que le législateur ait voulu prévenir tout retour à l’erreur qui avait fait croire aux anciens administrateurs du domaine commun que les droits de la collectivité se personnifiaient en eux, et prévenir en même temps tout retour au despotisme qui en avait été la conséquence ; soit pour toute autre raison, le législateur a, dans de certaines limites, couvert du même privilège d’inaliénabilité qui couvre le territoire national la propriété de la plus-value incorporée au sol par l’usufruitier. Chaque individu ou chaque famille arrivée à la possession de la terre la vit, dans des proportions qui allèrent toujours en diminuant, frappée d’inaliénabilité entre ses mains. Chaque famille exerça ainsi les droits de la collectivité et devint gardienne du sol, en raison de la fraction de l’humanité qu’elle représente. Les limites de cette terre inaliénable étaient dans l’origine de 30 hectares, elles ne sont plus aujourd’hui que de 3/4 d’hectare. C’est ce que l’on appelle le champ patrimonial. Sur les 330 millions d’hectares qui constituent le territoire de la Chine, 70 à 75 millions se trouvent ainsi dès maintenant fixés. Ce champ patrimonial n’assure pas seulement à chaque Chinois sa liberté, ne le garantit pas seulement contre tout retour au despotisme ; dans un des livres canoniques de la Chine, on trouve ces paroles : « Le culte du ciel a pour but de spiritualiser la terre. » Je n’ai pas à rechercher maintenant si ce but est atteint