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redemander aux orphelinats les enfants qu’ils leur avaient confiés. Dans les établissements chinois, on s’empresse de les leur rendre. Il n’en est pas de même dans les orphelinats catholiques, où les enfants, une fois baptisés, ne peuvent plus être rendus à leurs parents non catholiques. C’est l’histoire du petit Mortara ; et c’est encore la lamentable histoire des massacres des Français de Tien-Tsinn, en 1870, provoqués par le refus des missionnaires de rendre aux familles chinoises des enfants qu’ils avaient enfin réussi à se procurer à la suite des inondations du fleuve Jaune. Il ne faut pas oublier, en effet, que le but de l’institution de la Sainte-Enfance n’est pas de sauver les enfants de la mort temporelle, mais qu’if est essentiellement de les sauver de la mort spirituelle. En sorte que l’idéal de cette institution serait que chaque enfant mourût aussitôt baptisé, et que ceux qui survivent sont considérés comme de véritables impedimenta. Un évêque, Mr Baldus, disait, à ce sujet, à un autre évêque, Mr Delaplace, qui m’a répété le propos : « qu’il serait bien à désirer qu’une bonne épidémie vînt le débarrasser de ses orphelins». Ce n’était, sans doute, qu’une boutade, mais une boutade qui ne pouvait venir qu’à l’esprit d’un missionnaire catholique. Pour les garçons encore, on leur trouve dans les différentes professions des placements aisés, des emplois assez avantageux pour leur permettre de rembourser à la Sainte-Enfance les frais qu’ils lui ont occasionnés. Pour les filles, c’est différent. Il y a peu