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et temporaires sur les riches, et en particulier sur ceux qui exerçaient des industries non taxées. Mais le jour où il aura reconnu la permanence de ces nécessités, le jour où les lettrés et la population auront compris qu’elles sont inéluctables, croyez-vous qu’il lui sera impossible d’augmenter ses revenus de deux ou trois cents millions, puisque cela ne suppose qu’une augmentation de quarante ou cinquante centimes par habitant, dans des localités comme Ouang-Mo-Khi ? C’est donc une erreur de croire que les institutions que la Chine s’est données eussent été forcément différentes dans une autre situation géographique, ou qu’elle doive un jour les changer sous l’influence de ses rapports avec l’Europe. Ce sont elles, au contraire, qui lui permettront de se mettre au niveau de toutes les exigences.

Quant à la concurrence commerciale et industrielle extérieure, ce n’est pas non plus l’isolement de la Chine, beaucoup moins grand d’ailleurs qu’on a l’habitude de le répéter, qui en a préservé ses marchés. Ce qui les protège mieux que des douanes, ce qui les défend même contre les tentatives armées, c’est l’abondance, la variété et le bon marché de ses produits, c’est la densité de la population. Ce qui repousse de la Chine les denrées de l’Europe, c’est que la Chine est un pays plein, plein d’hommes et plein de produits ; ce sont encore ses institutions, mais en particulier le régime de ses impôts et celui de la propriété.