Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à un tel degré de pareilles preuves de force et de vitalité. C’est ce que j’espère montrer plus tard. Rien non plus ne vient limiter la liberté de la presse. J’ai recueilli, en 1863, dans la province du Se-tchuen, des placards d’une violence excessive contre l’Empereur et le Gouvernement qui avaient signé le traité que les Européens leur avaient imposé après le pillage du Palais d’Été et l’incendie de la grande Bibliothèque. C’est tout au plus si les mandarins les faisaient enlever ; ils ne songeaient pas à en poursuivre les auteurs. Pas de passeports non plus ; pas de patentes sur les industries ni sur le commerce ; pas d’octrois, si ce n’est à l’entrée de chaque province et, sur les marchandises étrangères, un droit fiscal de 5 à 8 0/0 pour tels ou tels articles. Donc, liberté complète et plus réelle que nous ne pouvons le rêver, d’industrie, de métier, de commerce, de banque et de circulation.

J’ai réservé pour la dernière une liberté avec l’idée de laquelle nous avons, nous autres Européens, bien de la peine à nous familiariser. Et pourtant c’est la plus noble et la plus délicate des libertés, celle qui élève le plus la conscience de l’homme, et qui, à mon avis, contient toutes les autres. Je veux parler de la liberté de se juger soi-même, de ce que l’on pourrait appeler la self juridiction. Je dirai tout à l’heure comment les Chinois l’exercent ; je me borne pour le moment, à la constater. Là encore, l’État n’intervient que lorsqu’il y est appelé ; et ce qui prouve que son