Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans compter la perte de temps des gens que l’on a engagés pour la récolte et qu’il faut payer tout de même. Un temps humide et chaud qui fait partir la végétation « comme un coup de tonnerre » n’est pas moins à redouter. Ce n’est plus alors une cueillette, c’est un sauvetage qu’il faut opérer et quelque nombreux que soient les vendangeurs il n’y en a pas toujours assez pour le réussir en de bonnes conditions. On peut même dire qu’il n’y en a jamais trop, surtout pour les deux dernières des quatre cueillettes de thé. Ce sont les plus abondantes et les plus importantes non seulement pour la Chine mais pour l’Europe et l’Amérique. Alors, je vous assure, il n’y aurait pas d’industrie qui tînt devant d’aussi impérieuses exigences et qu’on ne fût prêt à sacrifier. Et d’ailleurs, s’il n’en devait pas être ainsi, que deviendraient les peuples d’Angleterre, de Russie, des États-Unis, et les sociétés de tempérance ? Aussi avec quelle impatience sont attendus à Londres les navires qui, les premiers apporteront la bonne nouvelle, les prémices de la nouvelle récolte ! Cinq cent mille francs de récompense à qui gagnera d’une demi-longueur[1]. Pendant ce temps-là, sur l’autre hémisphère, tout un monde court à la feuille. Hommes, femmes, enfants, vieillards, jeunes gens, jeunes filles, sexes séparés pourtant,

  1. On en a vu qui, partis à la même heure de Fou-Tcheou, au nombre de six, sont tous arrivés à Londres dans la même journée.