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sucrée. Il est donc probable que les procédés d’extraction que je viens de décrire doivent en laisser une quantité considérable dans les résidus que l’on donne à manger aux animaux. Eh bien, malgré tout, un meou rend 230 kilog. de sucre brun pâle, d’une couleur aussi claire que celle du café très étendu de lait. Un hectare rendrait par conséquent 3,400 kilog. environ. Or, aux Antilles et à la Réunion, le rendement moyen d’une pareille surface cultivée selon les méthodes ordinaires et fumée avec de l’engrais de ferme ne dépasse pas 2,800 à 3,000 kilog. Là donc encore la perfection de la culture vient largement compenser l’imperfection de l’industrie, et laisse dans les mains du cultivateur un profit plus grand qui tourne en définitive au bénéfice de la terre. Quant au prix du sucre, il est tellement minime, 25 centimes le kilog., que la Chine en exporte de très grandes quantités pour l’Inde et la Californie. En 1861, il en était sorti 270,000 kilog. des deux seuls ports de Canton et de Swa-Teou. Le sucre blanc coûte un peu plus cher : 35 centimes environ le kilogramme.

Il est une objection qu’on ne manquera pas de faire: Pourquoi les Chinois ne seraient-ils pas aussi bons industriels qu’ils sont bons cultivateurs ? — Sans doute, mais est-il bien certain que la puissante mais dispendieuse industrie à vapeur puisse se concilier avec la petite culture, la petite propriété et le reste ? C’est une démonstration qui est loin d’être faite ; et si elle l’était, si un jour les Chinois s’y convertissaient, de quelle perspective l’Europe ne serait-elle pas menacée ? Ou elle succomberait,