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y porte le repas et les rafraîchissements d’usage, et on commande le cortège habituel ; mais en même temps on fait préparer quatre palanquins avec des porteurs frais et dispos ; puis on attend mon préfet. Il arrive, on le reçoit poliment ; on l’invite à se reposer et à se rafraichir ; seulement on lui déclare que le peuple ne veut pas de lui, qu’il n’entrera pas dans la ville et que trois délégués du Conseil vont avoir l’honneur de le reconduire à la capitale.

Ce qui fut fait. Est-ce une exception ? Non ; et le calme avec lequel s’accomplit cette exécution prouve au contraire qu’elle est dans les mœurs. D’ailleurs, écoutez leurs législateurs et leurs philosophes : « Le monarque, disent-ils, n’est que le mandataire du peuple. S’il se trouve un souverain qui se conduise contrairement au bien et à la volonté du peuple, tout le monde le regarde comme une calamité, et quoiqu’il ait l’autorité en mains, on le chasse. » Qui dit cela ? Confucius, c’est-à-dire le plus grand et le plus populaire de leurs philosophes, de leurs moralistes et de leurs législateurs. — Voilà pour la liberté politique. — Mais les Chinois n’ont pas que la liberté politique, ils ont toutes les libertés ; liberté de conscience, de religion, de culte. On trouve, en effet, dans presque tous les rangs des fonctionnaires, des musulmans, des juifs et des chrétiens, aussi bien que des boudhistes et des hommes ne professant aucune religion particulière, si ce n’est celle des ancêtres. Le Gouvernement n’intervient dans les