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plus des accords musicaux qu’elle voudrait retenir ; ce qui l’inquiète, c’est le secret des harmonies plus hautes qu’elle sent exister entre elle et ces souvenirs. Les Chinois éprouvent tout cela ; et, comme la plupart des peuples, ils ont associé les cloches à l’expression de leurs sentiments religieux, et les ont consacrées à la célébration de leur culte national. Pour mieux en marquer la destination, ils les revêtent d’inscriptions en relief ou gravées qui rappellent les fastes de leur histoire. Les plus grandes et les plus connues sont celles de Canton et de Pékin. Il y en a deux dans cette dernière ville qui ne mesurent pas moins de 18 à 22 pieds de hauteur. Elles sont couvertes de ces inscriptions commémoratives et lorsqu’on les sonne aux grandes fêtes de l’humanité, celles du Premier Jour de l’année, celles de la Terre, de l’Agriculture, etc., leur son prend alors un sens positif ; c’est la traduction en langage vivant des caractères fondus dans le bronze ; c’est la grande voix des ancêtres qui parle et que les Chinois entendent clairement. Malheureusement il est bien rare qu’une superstition ne vienne point se mêler aux mythes les plus purs et les plus poétiques. On croit assez généralement qu’un être humain ou que du sang humain, incorporé au métal pendant la fusion, en assure le succès et donne à la cloche un son plus net et plus beau. De quelle mystique alliance entre le passé et le présent le sang de ce sacrifice n’est-il que le profond symbole ? C’est ce que peu de Chinois, sans doute,