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trompé. Elle voit et elle est vue. Au centre d’un petit groupe de cinq ou six maisonnettes un peu moins grandes, à cent pas au plus de chacune d’elles, ce manse, ce manoir doit bien être la demeure digne, accueillante et paisible des gens avec qui nous nous sommes déjà liés. Son aspect reflète leur caractère à tel point que l’on éprouverait je ne sais quelle souffrance s’ils ne paraissaient point ce qu’ils sont. Si elle m’était donnée, cette ferme, je ne l’échangerais pas contre un palais, je ne l’échangerais contre rien au monde, si ce n’est contre une de ses voisines. Ses habitants ne sont point incultes ; le chef est même un lettré ; tous ont le goût des livres ; ils ont lu des poètes.

Les fleurs, ils les adorent ; ils en ont partout. Entre elles et les êtres animés, ils ont découvert mille analogies ; je ne vous dirai pas celle qu’ils m’ont donnée comme symbole. Et si je vous parlais de leur culte pour les étoiles ? Le théâtre, ils en sont fous ; vous savez que Guignol nous vient de la Chine, Polichinelle, Pierrot et Arlequin aussi[1]. Combien de fois m’ont-ils arrêté ! Les enfants savent des fables dont l’origine se perd dans la nuit des siècles. Faut-il vous en citer quelques titres ? Le Chat et la Souris, l’Aveugle et le Paralytique, les Deux Amis, le Lièvre et la Tortue, l’Ane revêtu de la peau du lion, les deux Canards et la Tortue, l’Huître et les Plaideurs, et tant d’autres !

  1. Voyage de lord Marcartney en Chine. Voyez aussi : Deanys, Social Life in China. Doolittle, etc.