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et, d’une certaine manière, un savant. Personne ne sait mieux à quel moment physiologique, précis, il convient de transplanter le riz ; personne ne devinera comme lui les besoins d’un pied de blé ; la propreté de ses champs est poussée jusqu’à la coquetterie ; pour qu’elles puissent s’accommoder de ses labours peu profonds, il a façonné certaines plantes, celles que l’on appelle des plantes-racines, comme un sculpteur pétrit la glaise ; de longues, il les a rendues courtes, globuleuses, énormes ; il a domestiqué des végétaux encore sauvages pour nous, et les a forcés de produire des feuilles, des fruits ou des racines bons à manger[1].

Quant aux animaux, il a adouci le caractère du buffle et l’a rendu aussi souple que celui du bœuf ; il a réduit en domesticité des insectes qui semblaient insaisissables : le papillon du ver à soie ordinaire que nous lui devons ; celui du ver à soie du chêne qu’il a voulu nous donner aussi, mais que nous n’avons pas encore su nous approprier ; la cochenille à cire, aussi petite, aussi frêle que le puceron du rosier, et plus invisible pendant une partie de son existence ; il a contraint tous ces enfants de l’air[2], comme il les appelle, à lui fournir des tributs qui valent des centaines de millions. Voilà ce que, en retour des présents qu’il en avait reçus.

  1. Telle, entre autres, une espèce de roseau de marais qu’on appelle coba et qui fournit un légume aussi excellent que l’asperge et le salsifis. Telles encore les racines du nymphæa, les capsules charnues du trapa bicornis, etc., etc.
  2. Tienn-sse. Littérairement, enfants du ciel.