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obtenu jusqu’à soixante épis[1] ; quelques pieds de luzerne ont produit douze et quatorze coupes au lieu d’une. Les promesses de la petite culture n’étaient donc pas exagérées et l’on voit qu’elles sont même dépassées, puisqu’elle quintuple non seulement les récoltes d’un même champ, mais encore les produits de chaque récolte. De plus, elle économise la semence. Pour un hectare, quelques litres de grains suffisent au lieu de deux hectolitres et demi. Ce n’est pas tout. Si par la petite culture un hectare produit autant que dix ou vingt par la culture ordinaire, les superficies à labourer étant moins étendues, les charrois sont moins longs, il faut moins d’animaux de force. Il en est de même du matériel de culture déjà simplifié par l’emploi de l’eau. Que l’on ajoute aux instruments cités un arrosoir et un plantoir, et l’on en aura la liste à peu près complète ; et ceci n’est pas un des moindres bienfaits de la petite culture. Ce n’est pas tout encore. Disposant à volonté

  1. Les plantes qui ont poussé en pépinières se ramifieraient difficilement si on les y laissait longtemps. Elles ont une tendance à s’étioler. Pour la combattre, les Chinois ne manquent jamais de praliner, c’est-à-dire de tremper dans un bain d’engrais les graines qu’ils doivent semer. L’absorption se fait par endosmose et fortifie les cotylédons où le jeune végétal puise sa première nourriture. Il en sort plus vigoureux, plus trapu. On praline encore les racines avant de les repiquer. Si ces précautions ne sont pas négligées, on peut transplanter sans inconvénient du riz ou du blé ayant déjà quinze à vingt centimètres de hauteur. Cela ne l’empêche pas de ramifier du collet, de taller, ainsi que disent les jardiniers. Au lieu de préparer eux-mêmes leurs plants pour le repiquage, les Chinois du nord font souvent venir leurs plants d’autres provinces méridionales.