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totale de l’Empire, on en peut compter au moins soixante-dix principales, et pour chaque ferme de deux à trois hectares, huit ou dix, souvent plus[1]. C’est du jardinage. La Chine entière est un jardin ; on l’a dit souvent, et l’on voit que ce n’est pas une simple figure. Et quel jardin ? Le plus soigné n’est pas plus riche. Le riz rapporte de 3,500 à 10,000 kilogrammes par hectare[2] ; le blé, de 15 à 50 et 60 hectolitres ; le thé de 5 à 8,000 francs ; le mûrier, tout autant. Puis, ce sont des plantes non moins précieuses : la canne à sucre, l’arbre à cire, le ligustrum sur lequel vit l’insecte qui fournit la cire la plus blanche et la plus chère que l’on connaisse, les chênes qui nourrissent certaines espèces particulières de vers à soie desquels, en deux provinces seulement, on obtient jusqu’à quarante mille balles de soie, l’arbre à vernis dont la résine forme sans aucun mélange le meilleur et le plus beau vernis du monde, etc., etc., etc. Les rendements que je viens d’indiquer ne sont sans doute que des rendements bruts ; mais comment serait-il possible d’établir le produit net d’une seule culture ? Comment pourrait-on estimer la main d’œuvre qu’ont coûtée deux ou trois pieds de palmier, deux autres pieds d’arbre à suif, un ou deux ares de haricots, quelques centiares de plantes tinctoriales ?

  1. Dans une étude sur la géographie agricole de la Chine publiée en 1868 dans le Bulletin de la Société de géographie, j’ai donné la liste de ces soixante-dix principales récoltes.
  2. Comme dans la plaine de Tchen-Tou, au Se-Tchuen, et dans beaucoup d’autres.