Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous primes congé de ces braves gens, emportant de cette journée un souvenir qui, après vingt ans bientôt, ne s’est point effacé.

Je n’oublierai jamais non plus la réception que me fit, un jour, un pauvre cultivateur chinois, émigré au-delà de la Grande-Muraille, en Mongolie, à la lisière du désert de Gobi. Nous avions quitté Tchang-Kia-Keou dès les cinq heures du matin, en suivant le chemin qui mène au village de Si-ouang-tse ; et, à onze heures ou midi, il ne nous avait pas encore été possible de trouver dans cette triste région, un lieu, une maison, pour nous reposer et prendre quelque nourriture. Nous avions bien traversé quelques misérables hameaux, mais soit que les habitants fussent occupés de travaux extérieurs, soit pour toute autre raison, nous n’en avions aperçu presque aucun. Enfin, sur le midi, nous arrivons au milieu d’un groupe de maisons un peu plus considérable que les précédents, mais sans y voir plus de portes ouvertes. Nous étions sur la place, bêtes et gens, le nez au vent, nous demandant si nous n’allions pas être forcés de nous installer contre quelque muraille, lorsque nous voyons accourir un paysan, qui, après nous avoir salués, nous tint à peu près ce langage : « Oh, monsieur, vous chercheriez en vain dans ce village une maison qui puisse vous recevoir ; il est tout petit, et nous sommes trop pauvres. Moi-même, je suis bien misérable et bien indigne ; cependant, si vous vouliez bien faire à votre tout petit frère l’honneur de vous reposer chez lui, il ferait de