Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont j’avais besoin n’avaient qu’une importance très relative. En Chine, l’art de l’agriculture relève, en effet, de circonstances tellement semblables, quel que soit le point du territoire où on l’étudie, que l’œuvre individuelle des habitants devient à certains égards secondaire, tandis qu’elle prend à d’autres points de vue une très haute importance. Et cela est si vrai, qu’il serait très difficile de se faire une juste idée de la part qu’il convient de leur attribuer si l’on ne connaissait d’abord ces conditions générales au milieu desquelles ils se trouvent et qui, sous bien des rapports, simplifient leur rôle. Ceci demande un certain développement.

Trois choses dominent le régime agricole de la Chine : la petite propriété, l’emploi de l’eau et la nature de l’engrais. Elles se rencontrent partout ; et (le fait est assez remarquable pour que le lecteur me permette de m’y arrêter un instant) elles résultent non pas du hasard, mais d’une pensée unique qui les a prévues, voulues, préparées et enseignées depuis l’antiquité la plus reculée. Pour la petite propriété, si l’on se rappelle que le sol appartient à la collectivité, que les terres non cultivées sont reprises et données à celui qui veut les faire valoir, que l’impôt, unique et métrique, écarte les oisifs de la possession du sol ; si l’on se rappelle l’institution du champ patrimonial, incessible et inviolable, qui n’assure pas seulement l’individu contre la tyrannie de quelques privilégiés et contre la