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ma femme et moi, et nous ne pouvons nous passer de nos enfants. N’est-il pas juste que les brus remplacent les filles qui nous ont quittés ?

» Qu’y a-t-il de plus triste que de voir sa famille s’amoindrir ? Ah ! les parents qui ont plus de garçons que de filles sont bien heureux ! — Vous ne m’avez pas dit comment les vôtres étaient mariées, Ouang-Ming-Tse ?

— J’allais terminer par là, Si-Lao-Yé. Les deux premières ont épousé des cultivateurs, la troisième un instituteur et la dernière un marchand. Elles viennent nous voir deux ou trois fois par an. Vous voyez qu’elles ne nous ont pas oubliés ; mais elles n’en sont pas moins perdues pour nous. Elles ne comptent plus dans la famille. »

Tel est, pour le passé, l’histoire de la famille Ouang-Ming-Tse, fidèlement traduite du récit de son chef. Je n’ai modifié ce récit qu’en un point : chaque fois qu’il avait à me dire l’âge de l’un des siens, il ne me l’indiquait que très rarement par le nombre de ses années ; il me disait le plus souvent quels étaient, à l’époque de sa naissance, l’Empereur régnant et l’année du règne. C’est la coutume en Chine et elle ne paraît entraîner aucun des inconvénients qu’elle pourrait avoir à nos yeux. Pour les Chinois, très familiers sans doute avec l’histoire de leur pays, cette manière de dater les événements et de mesurer le temps ne semble exiger aucun effort de mémoire. Quoi qu’il en soit, ils se figurent ainsi se rattacher d’une façon plus sensible à la vie